L’exposition Natures Mortes d’Anne Imhof au Palais de Tokyo.
22/05/2021 - 24/10/2021
Quelle idée de parler d’un sujet qui n’est plus d’actualité !
L’exposition a fermé ses portes depuis un petit moment. Pourtant, je la trouve tellement surprenante, que je me dis que c’est un sujet idéal pour lancer « goûter au musée » .
L’exposition Natures Mortes d’Anne Imhof m'a beaucoup questionnée et a remué pas mal de choses en moi. Plus personnellement, c’est la toute première exposition que j’ai pu visiter après de nombreux mois, et la première exposition dont j’ai pu profiter seule (sans mes enfants), depuis très longtemps.
Je vous invite donc à la découvrir à posteriori ensemble avec moi.
Différemment.
Pas besoin d’avoir fait d’études d’art, ni d’être un grand connaisseur d’art.
Dans le « goûter au musée », je souhaite vous faire part de mon expérience en tant que femme, que mère et qu’amatrice d’art. De vous faire part de l’expérience de notre famille qui consomme la culture selon ses envies et ses disponibilités, sans aucune pression. Et enfin, de vous transmettre l’expérience, celle de mes enfants, leurs ressenties, leurs émotions, en fonction de leur humeur du jour.
L’organisation de la visite
Commençons donc par l’exposition d’Anne Imhof dont on a tellement entendu parler et au sujet de laquelle nous nous sommes posés beaucoup de questions.
J’ai fait la visite un soir, dans le cadre d’une sortie organisée.
Le lieu n’est pas nouveau pour moi, j’y suis venue auparavant pour voir d’autres expositions. Comme pour chaque exposition, l’espace s’adapte à l’événement, évolue.
Cette fois, l’espace était presque complètement vide. S’agissait-il d’une exposition sur le vide?
Pour entamer la visite, une grande installation qui ressemblait à une forme de couloir nous invitait à entrer dans l’univers de cette visite. Je n’y ai pour ma part, observé que de grandes plaques.
A vrai dire, curieuse et impatiente, j’avançais pour découvrir l’exposition. Arrivée au bout, je me retrouve dans un autre espace gigantesque et complètement vide !
Sur des rails installés au plafond, des hauts parleurs bougeaient et émettaient des sons. Apparemment, il s’agissait d’une “statue sonore”. Puis, au fond, était projetée la vidéo d’un artiste travaillant sur des immeubles destinés à être démolis. Cette représentation ne m’a pas permis d’apprécier le travail de l’artiste. Dommage, car il s’agissait d’un sujet très intéressant, que j’ai découvert plus tard.
En faisant demi tour pour continuer la visite, le sentiment de vide grandit en moi. J’ai ressenti une angoisse de me retrouver dans un espace immense, sans personne et sans rien autour, plongé dans le noir.
La visite se poursuit au sous-sol du palais. En prenant l’escalier, on pouvait voir quelques photos polaroïd de bouteilles d’alcool vides censées illustrer la période de confinement. J’ai apprécié l’originalité des cadrages utilisés et les couleurs des photos.
Une fois en bas, le questionnement sur l’exposition continue. Dans mon inconscience, je continue à chercher des œuvres. On dirait le jeu enfantin “cherche et trouve”. Dans certains endroits, de rares œuvres sont disposées ici et là. Je déambule dans ce labyrinthe de blocs de béton. Juste pour m'y perdre.
Les escaliers vers le niveau inférieur m'amènent dans une sorte de parking abandonné… un lieu désaffecté… une vieille usine ??? Je me retrouve seule, dans le noir, entouré par des blocs de béton froids … le silence règne. Quelques bruits dont je ne comprends pas la signification, résonnent de temps à autre et viennent l’interrompre.
Dans une autre salle, une télé est tout au fond. Une personne est installée devant. Je me demandais si c’était une mise en scène volontaire de la part de l’artiste. Quand tout à coup je me rends compte que c’était un visiteur… (oups) !
En me perdant dans ce lieu, je vois un sac de boxe. Puis-je donner un coup ? Un micro, puis-je me mettre à chanter ? Les questions me traversent l’esprit. A certains moments, il y avait probablement des performances, mais ce soir-là, le lieu était vide.
A la fin de ce labyrinthe, je me retrouve dans une pièce éclairée, qui brille et renvoie les réflexions sur les vitres des bâtiments et les miroirs, un petit clin d’œil à la salle des glaces du Château de Versailles ? Je suis invité à prendre le chemin indiqué par les barrières, sans raison spécifique, je le fais par simple “distraction”, pourquoi pas.
Je remonte.
La dernière salle à voir avant de pouvoir quitter cet espace était également complètement vide. Une vidéo censée durer plusieurs heures est projetée sur le mur du fond. J’y suis restée un petit moment qui m’a semblé éternelle, peu de choses se sont passées dans le film.
Mon expérience
Ce que je retiens de cette visite, c'est qu'il s’agissait d’une exposition atypique, on pourrait dire une expérience. Une fois qu’on l'a visité, on n’arrête pas d'en parler, on cherche des réponses, on a envie de comprendre.
Dans ce labyrinthe vide, on s’y perd, on y flâne, on y déambule. C’était impressionnant.
J’ai essayé d’imaginer tout ce qu’on pourrait y faire ! (Il est rare de voir des espaces comme ça à Paris.). Pourquoi le titre "Natures Mortes” ? Qu’est-ce que l’artiste a voulu dire ? Quel message ? J’aurais aimé avoir plus d'informations concernant cette exposition.
Une journaliste de critique d’art m’a dit : “peut-être que l'artiste à travers cette exposition nous invite à prendre un autre point de vue, à regarder différemment…” Je confirme que l'exposition était très différente de ce que j’ai d’habitude de voir. Mais ce qui est dommage, c'est que l’exposition m’a plus amené vers la non-compréhension qu'à inciter à regarder différemment.
Puis, étant venue visiter l’exposition toute seule, je me suis demandé si j'avais envie d’y revenir avec mes enfants … Pour ma part, le lieu m’a imprégné plus d’émotions de tristesse et de mélancolie. Naturellement, je me disais que non, je ne pouvais pas y emmener mes enfants, ils auraient été choqués.
Mais j’ai eu quand même une petite tentation et je me suis demandé comment ils pouvaient voir et percevoir cet espace tellement grand et vide. Peut-être se sentiraient-ils libres ? Ils se mettraient probablement à courir partout et à vouloir s’allonger sur des matelas qui étaient installés dans certains endroits (sans connaître leur signification). Et ils auraient essayé de monter sur les poteaux avec les échelles blanches qu’on retrouvait ici et là ? L’exposition aurait il été comme un terrain de jeux pour eux ?
Finalement, je ne les ai pas amenés voir l’exposition….. Et je ne l’ai pas non plus recommandé.
A très bientôt pour vous parler d’une autre visite, cette fois, elle sera en famille.
Note : je partage ici ma propre perception et ressentie d’une visite et je vous expose mon point de vue. Il ne s’agit pas d’une médiation artistique pour parler des œuvres ou des artistes.